Courchevel, Maurice, la Barbade... Ces paradis qui tentent d'attirer les télétravailleurs

Courchevel, Maurice, la Barbade... Ces paradis qui tentent d'attirer les télétravailleurs

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Published on madame.lefigaro.fr | 22/01/2021 I Direct link

By Sofiane Zaizoune


L'offre, alléchante, en a visiblement attiré plus d'un. À la mi-janvier, la station de ski Courchevel lançait une «offre spéciale télétravail» : un appartement pour quatre personnes, à louer pour 4 à 5 semaines entre mars et avril, bradé de 30 à 40 % par rapport au tarif habituel. Quelques jours plus tard, seuls des créneaux de cinq jours sont encore disponibles à la réservation. Un signe de plus, peut-être, du besoin des salariés en télétravail de changer d'air. De quitter leur appartement et leur vue sur rue pour embrasser les paysages enneigés des Alpes.

Des touristes d'un nouveau genre

C'est aussi un moyen, pour les professionnels du ski, de compenser une partie des pertes dues à la quasi-absence de touristes cette année. Dans la même veine, plusieurs États insulaires ont créé des visas spéciaux. Maurice, un archipel situé au large de Madagascar dans l'océan Indien, propose ainsi depuis l'automne un titre de séjour d'un an renouvelable, destiné aux travailleurs étrangers ou aux retraités. Parmi les conditions à remplir : tirer ses revenus de l'étranger pour ne pas occuper le marché de l'emploi mauricien, subir un test PCR avant son arrivée et respecter une quatorzaine obligatoire... dans un hôtel 3 à 5 étoiles face à la mer. Avant de pouvoir visiter Port-Louis, la capitale, ou de plonger dans les eaux limpides de l'océan Indien.


Les Seychelles, un archipel situé au nord de l'Île Maurice, mais aussi plusieurs États des Caraïbes, comme La Barbade, les Bermudes, les Îles Caïmans ou encore Antigua-et-Barbuda ont mis en place des dispositifs similaires. Les prix et les conditions diffèrent, la promesse reste la même : un cadre de vie hors-normes, dans des pays où le nombre de cas de Covid-19 reste bas.


Pas de départ en catimini

Mais peut-on, même si on télétravaille à 100 %, s'envoler ainsi à l'autre bout de la planète ? En théorie, rien ne l'interdit, explique Sandra Gallissot, consultante en droit des ressources humaines et fondatrice du cabinet JuRISKRh. «Le télétravail doit se faire au lieu de résidence habituel, précise-t-elle. Or, chaque salarié a le droit de résider où il veut, y compris à La Barbade. Mais ce droit ne doit pas faire oublier les obligations de l'employé : déclarer son lieu de résidence, respecter ses horaires de travail, être joignable, exercer son activité dans des conditions de sécurité suffisantes, pour soi comme pour l'entreprise, notamment en ce qui concerne les données et documents qu'on nous confie...»

Cela implique d'avoir une assurance adéquate ou de pouvoir prouver qu'on a accès à un équipement informatique sécurisé, par exemple. Sans oublier que l'employeur a une obligation de santé et de sécurité vis-à-vis de ses salariés, ce qui n'est pas anodin lorsqu'une pandémie touche toute la planète. De la même façon, les périodes de quarantaine, obligatoires pour entrer dans certains pays, pourraient empêcher un salarié de se rendre au bureau ou ailleurs, pour une mission, si son employeur le lui demandait.


Un hôtel ou un château pour changer d'air


De nombreux hôtels proposent de réserver une chambre pour télétravailler en journée, décor raffiné - et un room-service compris. À Paris, l'hôtel Hoxton, le Brach ou encore l'Arvor proposent ainsi ce service. Le site dayuse.fr permet même de bénéficier de réductions sur les tarifs habituels. Pour (vraiment) prendre l'air, pourquoi ne pas partir quelques jours dans un château ? Beaucoup ont aménagé, en plus de leurs chambres et suites, des espaces de travail confortables. Le groupe Barrière propose lui aussi des «escapades télétravail» dans ses hôtels en bord de mer. «La courtoisie voudrait qu'on avertisse son supérieur avant de partir, mais une absence courte et occasionnelle ne pose aucun souci», explique Sandra Gallissot. Plus simple - et moins coûteux - qu'un départ pour les Caraïbes, mais toujours salutaire après de longues semaines de couvre-feu.


Pas question, donc, de filer à l'aéroport direction les Seychelles après avoir envoyé un banal «bon week-end tout le monde !» sur le Slack d'équipe. C'est vrai en ce moment et le serait encore plus en temps normal. «La crise actuelle nous oblige à adopter le télétravail sans signer d'avenant au contrat, comme c'est le cas lorsqu'il s'agit d'une organisation pérenne. On ne peut alors pas décréter tout seul qu'on serait mieux sur une plage de La Barbade. Mais rien n'empêche certains employeurs de faire preuve de souplesse et d'être ouverts à la discussion !» Il ne reste plus qu'à préparer ses arguments et son sourire (en visio) le plus convaincant.